Contre la déforestation, aidons les petits producteurs à changer de pratiques

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L’Europe interdit désormais l’importation de produits issus de la déforestation. Mais pour l’auteur de cette tribune, la mesure sera inefficace sans aide aux producteurs pour changer de pratiques.

Plinio Sist, directeur de l’unité forêts et sociétés au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Le 19 avril dernier, le Parlement européen a adopté le règlement sur la déforestation importée relatif aux chaînes d’approvisionnement « zéro déforestation ». Les grandes entreprises auront à s’y conformer dès décembre 2024, les petites dès juin 2025, et à démontrer que les produits qu’ils auraient importés ou exportés à partir de l’Union européenne (UE) n’ont pas contribué directement ou indirectement à la déforestation.

Quid de l’aide aux petits producteurs ?

En effet si dans le préambule du texte du règlement, la Commission européenne s’engage clairement à travailler en partenariat avec les pays producteurs afin de les aider à s’attaquer aux causes profondes de la déforestation, ni le montant de cette aide ni sa mise en place en coordination avec l’application du règlement dans les pays producteurs ne sont clairement précisés.

Le texte se concentre essentiellement sur les processus de mise en place du règlement d’un point de vue légal et juridique, et donne donc le sentiment qu’il s’agit essentiellement de mettre en place un système de contrôle de traçabilité de produits visés plutôt que d’aider les pays producteurs à mettre en place en amont des systèmes de production durables et pérennes en adéquation avec le règlement zéro déforestation.

Si les grands producteurs n’auront aucun mal à répondre aux exigences de ce règlement pour continuer à exporter vers l’Europe sans rien changer à leurs pratiques, il n’en est pas de même pour l’agriculture traditionnelle.

Ce règlement montre d’importantes limites quant à ses capacités à lutter efficacement contre la déforestation. Il ne sera pas suffisant. Plus que jamais, il est urgent de promouvoir une coopération mutuelle avec les pays producteurs pour les aider à changer de façon profonde les modes de production et de diriger cette aide vers les petits agriculteurs, les plus fragiles face à cette nouvelle règlementation.

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