Le consortium de journalistes Forbidden Stories a poursuivi l’enquête du reporter Dom Phillips, assassiné en Amazonie brésilienne il y a un an, sur le rôle des multinationales de la viande dans la déforestation.

02.05.2023. « Le Monde ». Par Youssr Youssef(Forbidden Stories), Andrew Wasley, Elisangela Mendonça et Robert Soutar

En 2020, Dom Phillips, pour le Guardian, en partenariat avec Repórter Brasil et The Bureau of Investigative Journalism révélait que les trois multinationales brésiliennes, JBS, Marfrig et Minerva ,  réalisent environ 70 % des exportations de bœuf du pays et que cette viande de bœuf est, de loin, la première responsable de la déforestation en Amazonie

Pour répondre à la demande de la Chine, mais aussi de l’Europe, les trois multinationales prennent toujours le risque de s’approvisionner auprès de fermes responsables de déforestation.

Le consortium Forbidden Stories a tenté, grâce à une analyse exclusive réalisée par l’institut de recherche AidEnvironment et financée par The Bureau of Investigative Journalism, de comprendre comment les exportations de bœuf brésilien participent à la déforestation.

Pour obtenir le chiffre de la déforestation, la méthode a alors consisté à s’intéresser aux zones d’achats des abattoirs. Déterminées par l’ONG brésilienne Imazon à partir de différents facteurs, comme l’étude des routes, les distances maximales et d’autres informations confirmées par des experts, elles correspondent aux fermes qui entourent les abattoirs et auprès desquels il est raisonnable de dire qu’ils peuvent s’approvisionner. C’est à partir de ces informations et de l’étude d’images satellites que la déforestation a été mesurée. Une méthode que critique JBS, tandis que Minerva et Marfrig se bornent à rappeler leurs différents engagements contre la déforestation et pour le contrôle de leurs fournisseurs.

André Campos (« Repórter Brasil »), Karlijn Kuijpers, Jeroen Wester (« NRC »), Julius Bretzel, Carina Huppertz, Dajana Kollig (« Paper Trail Media ») et Eduardo Goulart (« OCCRP ») ont contribué à cet article.

Article complet à lire sur:

https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/06/02/de-l-amazonie-a-l-europe-la-filiere-du-b-uf-continue-d-exporter-de-la-viande-liee-a-la-deforestation_6175899_3244.html

« Droits à polluer » (1/2). Alors que l’Union européenne renforce ses objectifs de décarbonation pour 2030, les cimentiers et les sidérurgistes ont utilisé le système d’aide communautaire pour gonfler leurs profits.

« Droits à polluer » (2/2.) Ce second volet sur le système européen des quotas gratuits révèle que le dispositif s’est révélé globalement inefficace pour inciter les industries du ciment et de l’acier à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre.

Comment les entreprises polluantes ont transformé les quotas gratuits de CO₂ en un marché de plusieurs milliards d’euros

Le 30.05.2023. Par Guillaume Delacroix, Emmanuelle Picaud et Luc Martinon

1/1. Depuis  30 ans les industries les plus polluantes du Vieux Continent – l’acier, le ciment, le pétrole, l’aluminium et d’autres – auront reçu gratuitement des quotas d’émissions de CO2, sortes de « droits à polluer » supposés être réduits dans le temps, afin de les inciter à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre

[…] « Or, le dispositif a rapidement été détourné de son objet pour devenir un outil financier permettant à ses bénéficiaires d’augmenter leurs profits, grâce à la revente de ces quotas. Rien qu’entre 2013 et 2021, estime le Fonds mondial pour la nature, les plus grosses industries émettrices ont empoché 98,5 milliards d’euros et n’ont consacré qu’un quart de cette somme (25 milliards d’euros) à l’action climatique.

Le 18 avril, le Parlement européen a en effet adopté un nouveau plan pour le climat prévoyant son remplacement progressif par un « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières » de l’Union….»

L’article complet ici

Quotas gratuits de CO₂ pour inciter les industriels à réduire leurs émissions : le fiasco du dispositif européen

Le  31.05.2023. Par  et 

2/2 «La décarbonation des industries est depuis longtemps un casse-tête pour l’Union européenne (UE). Près de vingt ans après leur création, les « droits à polluer » distribués gratuitement aux usines les plus polluantes du Vieux Continent montrent leurs limites et vont être réformés, ainsi que l’a voté le Parlement européen le 18 avril 2023.

L’UE s’est donné dix ans pour faire disparaître ce système de quotas de CO2, en le remplaçant progressivement par un dispositif d’ajustement carbone à ses frontières, ce qui ressemble fort à une taxe carbone pour les industriels non communautaires désireux d’importer leurs produits chez nous.»

L’article complet ici

Pour les 4 ans à venir (2023-2027), nos ministères se dotent d'une stratégie commune; l’objectif est de rendre leur action plus forte, plus lisible, et mieux coordonnée avec l'ensemble des partenaires.

Des ministères au carrefour des enjeux européens et internationaux

La stratégie européenne et internationale (SEI) vise à présenter la vision du monde de nos ministères, nos ambitions et nos engagements pour les 4 ans à venir.

Quatre grands axes thématiques guident cette stratégie:

  • lutte contre le dérèglement climatique, décarbonation de nos économies et renforcement de notre souveraineté ;
  • préservation et restauration de la biodiversité, prévention et lutte contre les pollutions ;
  • transition vers une économie sobre et circulaire et des modes de consommation et de production durables ;
  • promotion d’un développement sûr, équitable et respectueux des droits humains.

Deux chapitres transversaux viennent les compléter pour présenter d’une part les moyens d’action à mobiliser pour atteindre les objectifs thématiques et d’autre part la gouvernance mise en place pour piloter la mise en œuvre de cette stratégie.

Le détail du document sur:

Les informations qui ont retenu l’attention du CST Forêt dernièrement…

La Commission européenne monte au créneau pour défendre le Pacte vert

Le Monde 16.05.2023. Si une grande partie des législations du paquet climat ont été adoptées, des voix s’élèvent contre certains projets touchant à la biodiversité.

https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/05/16/la-commission-europeenne-monte-au-creneau-pour-defendre-le-pacte-vert_6173551_3244.html

Lancement du fonds Nature Impact : une nouvelle manière de financer la protection de nos forêts

10. 05.2023 — Communiqué de presse WWF.

[…] Les forêts nous offrent à tous de multiples services écosystémiques. Mais face au changement climatique et à certains modes de gestion forestière inadaptés, il est nécessaire d’avoir une action renforcée. C’est pourquoi le WWF France lance aujourd’hui Nature Impact, le premier fonds dédié basé sur la logique des Paiements de pratiques bénéficiant aux Services Écosystémiques (PSE) qui combine protection de la biodiversité et séquestration de carbone.

https://www.wwf.fr/vous-informer/actualites/lancement-du-fonds-nature-impact-une-nouvelle-maniere-de-financer-la-protection-de-nos-forets

Peut-on consommer sans déforester ?

France Inter , l’émission « le téléphone sonne » le 19.04.2023.  L’Union Européenne est à l’origine de 16% de la déforestation mondiale; c’est le deuxième destructeur de forêts tropicales derrière la Chine, selon l’ONG WWF. Cela s’explique en grande partie par le phénomène de “déforestation importée” : la destruction des forêts au Brésil, en Afrique ou en Asie existe du fait de la demande de marchés distants, comme le marché européen.

Pour limiter son impact écologique, l’UE a donc décidé d’interdire l’importation de l’ensemble des produits issus de la déforestation. Une première mondiale. Soja, huile de palme, bœuf, cacao, café, volaille mais aussi caoutchouc ou encore cuir… l’ensemble de ces produits issus de terres déboisées, notamment en provenance d’Amazonie, ne seront désormais plus commercialisables sur le territoire européen.

Avec les interventions de:

  • Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes du WWF France
  • Guillaume Lescuyer , chercheur au Centre de coopération internationale français en recherche agronomique pour le développement (CIRAD)

Texte repris du site de France Inter sur l’émission « le téléphone sonne »

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-du-mercredi-19-avril-2023-3347777

La réunion portera sur la prochaine programmation des activités du CST-F

La prochaine plénière du Comité Scientifique et Technique Forêt

aura lieu le Jeudi 22 juin 2023, de 10h00 à 17h00 

sur le site MISTRAL de l’AFD, dans l’Auditorium Nelson Mandela

au : 3 place Louis Armand 75012 Paris

Le programme détaillé sera communiqué en amont de la réunion et sera également disponible sur le site.

La prochaine plénière portera sur la prochaine programmation des activités du CST-F, pour laquelle un « appel à idées » a été envoyé.

Des ateliers de discussion seront organisés, il est donc fortement conseillé de participer en présentiel, pour celles et ceux qui le peuvent.

La réunion sera accessible en visio-conférence (hors ateliers).

Quelque soit votre modalité de participation, veuillez vous inscrire au lien suivant https://lite.framacalc.org/opcm61y2sw-9zzn d’ici le vendredi 16 juin.

Merci.

Le Règlement contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) vise à réduire au maximum le risque de déforestation et de dégradation des forêts associé aux produits mis sur le marché de l’UE ou exportés à partir de celui-ci.

Le règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) a été adopté par le Parlement le 19 avril et par le Conseil le 16 mai. Il entrera en vigueur 20 jours après sa publication au Journal officiel de l’UE.

Le texte final est désormais disponible en français au lien suivant : https://data.consilium.europa.eu/doc/document/PE-82-2022-INIT/fr/pdf

Les nouvelles règles permettront ainsi de garantir que la consommation et le commerce de sept matières premières (huile de palme, boeuf, bois, café, cacao, caoutchouc et soja), et de certains de leurs produits dérivés, ne contribuent pas à la déforestation et à la dégradation des écosystèmes forestiers.

Le règlement établit des règles de diligence raisonnée pour tous les opérateurs et négociants qui placent, mettent à disposition ou exportent ces produits à partir du marché de l’UE.

Les obligations s’appliqueront aux acteurs économiques concernés 18 mois après la mise en vigueur du texte, 24 mois après pour les TPE et PME.

Pour plus d’information consultez le site  du MTE- Stratégie Nationale de lutte contre la déforestation importée

 

Veuillez trouver l'appel à l'idées du CST-F dans le cadre de la préparation de la réunion plénière du 22 juin 2023

Pour préparer sa prochaine réunion plénière, le Secrétariat du CST-F adresse à ses membres deux « appel à idées » :

  1. Sur les suites à donner à la note de politique sur la restauration des paysages forestiers ; 
  2. Sur la programmation 2024-2026 du CST-F, que son comité de pilotage entend co-construire avec les membres. 

Le document est en accès restreint aux membres du Comité Forêt.

 

Global Forest Watch (GFW) organise deux webinaires ce mois de mai

Forest Watcher: Making Forest Monitoring Easier and More Effective
May 25 at 9:00 AM EDT / 2:00 PM WAT / 8:00 PM WIB

Une démonstration des dernières fonctionnalités de Forest Watcher ,les applications mobiles et Web Forest Watcher pour des enquêtes sur le terrain à l’aide des alertes de déforestation et d’incendie de GFW. Les utilisateurs de Forest Watcher vous expliqueront également comment ils ont utilisé l’outil de surveillance des forêts, y compris les meilleures pratiques et les leçons apprises.

Ce webinaire sera organisé en anglais avec traduction simultanée en espagnol, portugais, français et bahasa Indonesia.

Inscription ici

Global Forest Watch Voices: Women Changemakers in Forest Monitoring
​​​​​​May 31 at 9:00 AM EDT / 2:00 PM WAT / 8:00 PM WIB

Dans le cadre de la nouvelle série GFW Voices,  vous êtes invités à suivre la discussion virtuelle pour entendre les femmes actrices du changement de la communauté GFW qui utilisent des données pour avoir un impact sur la surveillance et la protection des forêts en Amérique latine, en Asie du Sud-Est et en Afrique de l’Ouest. Les panélistes réfléchiront à la façon dont l’accès aux données et à la technologie comme GFW a eu un impact sur la vie des personnes dans les communautés qui dépendent des forêts.

Ce webinaire sera organisé en anglais avec traduction simultanée en espagnol et en français.

Inscription ici

Pour l'auteur de cette tribune, l'interdiction de l'importation de produits issus de la déforestation sera inefficace sans l'aide aux producteurs pour changer de pratiques.

Contre la déforestation, aidons les petits producteurs à changer de pratiques

Tribune Reporterre — Forêts tropicales

Plinio Sist, directeur de l’unité forêts et sociétés au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)

09.05.2023. Après l’adoption du  règlement sur la déforestation importée  par le Parlement européen, relatif aux chaînes d’approvisionnement « zéro déforestation », les grandes entreprises auront à s’y conformer dès décembre 2024, les petites dès juin 2025, et démontrer que les produits qu’ils auraient importés ou exportés à partir de l’Union européenne (UE) n’ont pas contribué directement ou indirectement à la déforestation.

Quid de l’aide aux petits producteurs ?

[…]Si les grands producteurs n’auront aucun mal à répondre aux exigences de ce règlement pour continuer à exporter vers l’Europe sans rien changer à leurs pratiques, il n’en est pas de même pour l’agriculture traditionnelle.

[…] Le rachat  rachat de propriétés de petits agriculteurs qui est assez courant actuellement pourrait alors être exacerbé et obliger ces derniers à déforester d’autres terres pour implanter d’autres pâturages.

Ce règlement montre donc d’importantes limites quant à ses réelles capacités à lutter efficacement contre la déforestation. Il ne sera pas suffisant.

[…] Une coopération mutuelle avec les pays producteurs pour les aider à changer de façon profonde les modes de production et de diriger cette aide vers les petits agriculteurs, les plus fragiles face à cette nouvelle règlementation. Sans cette coopération, ce nouveau règlement zéro déforestation aura très peu d’effet sur les taux de déforestation et contribuera simplement à donner aux Européens une fausse bonne conscience concernant notre part de responsabilité dans la déforestation.

Lire l’article complet https://reporterre.net/Contre-la-deforestation-aidons-les-petits-producteurs-a-changer-de-pratiquesici 

Les marchés carbone, également nommés systèmes d’échange de quotas d’émissions ou système de permis d’émissions négociables (Emissions Trading Schemes – ETS), sont des outils réglementaires facilitant l’atteinte pour tout ou partie des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) déterminés politiquement

Le principe d’un système d’échange de quotas d’émissions

En février 2023 les ministères de la Transition écologique et de la Cohésion de territoires et le ministères de la Transition  énergétique publierent les principes fondateurs des marchés du carbone.

Limiter et réduire les émissions de gaz à effet de serre

Les systèmes d’échange de quotas permettent de contrôler directement la quantité de gaz à effet de serre émise. Ces émissions sont définies par la quantité de quotas d’émissions déterminée par l’autorité publique puis distribuées (gratuitement ou par enchères) aux installations couverte.

Atteindre des réductions d’émissions à moindre coût

Un marché du carbone fixe une limite aux émissions de GES et permet les échanges de quotas d’émissions. Pour chaque participant soumis au marché du carbone, il est obligatoire de restituer à la fin de l’année autant de quotas que de tonnes dioxyde de carbone équivalentes émises dans l’atmosphère. En fonction de l’activité des installations industrielles, les réductions d’émissions sont moins coûteuses pour certaines que pour d’autres.

Pour en savoir plus https://www.ecologie.gouv.fr/marches-du-carbone#scroll-nav__1

 

Le marché volontaire du carbone en plein essor, mais livré à lui-même

Le Monde. 11/04/2023. Marion Douet
« Sous la pression de l’opinion publique, de leurs clients, voire de leurs salariés, l’intérêt des entreprises occidentales pour les crédits-carbone a explosé ces dernières années ».

Il existe une trentaine de marchés réglementés du carbone dans le monde, le premier étant celui de l’Union européenne (UE).

Un système parallèle coexiste : le marché volontaire. Beaucoup moins gros (2 milliards de dollars, soit 1,83 milliard d’euros, contre environ 900 milliards de dollars pour les marchés réglementés), celui-ci, composé d’une constellation d’acteurs, n’est pas nouveau, mais se développe très vite. Il a quadruplé de valeur entre 2020 et 2021, selon une étude de la société spécialisée Ecosystem Marketplace.