Article « Pour une fiscalité sur le soja qui protège les écosystèmes naturels »

Pour mettre en place une politique efficace de lutte contre la déforestation, le gouvernement devrait mettre en place une fiscalité différenciée sur le soja

29.02.2024.  Article proposé par Klervi Le Guenic et Alain Karsenty pour Alternatives Economiques.

La part du soja dans la déforestation de l’Amazonie brésilienne a très nettement baissé depuis un moratoire sur l’achat de soja issu de parcelles récemment déboisées provenant de cette région. Cependant, la production de soja s’est déplacée plus au sud, vers les savanes du Cerrado qui occupent plus de 200 millions ha. Le nouveau règlement européen sur la déforestation (RDUE) ne couvre que les forêts, définition FAO, c’est-à-dire au moins 10 % de couvert boisé. Les savanes arborées du Cerrado entrent souvent dans la catégorie des « autres terres boisées » (entre 5 et 10 % de couvert arboré), non couvertes par le RDUE.

Malgré la SNDI qui visait à protéger également les écosystèmes naturels, la France a baissé la TVA sur les aliments du bétail de 10 % à 5,5%, au risque d’encourager une augmentation des importations de soja. Conditionner le taux réduit de TVA à 5,5 % à un critère de non-déforestation et non-conversion d’écosystèmes rendrait plus compétitives les entreprises engagées dans une démarche de durabilité. La diligence raisonnée s’accompagnerait d’une traçabilité à la parcelle, associée ou non à des certifications indépendantes sélectionnées par le gouvernement sur la base d’une évaluation continue de leur crédibilité. Les recettes supplémentaires pour l’État pourraient être affectées à des programmes d’appui à la traçabilité de petits producteurs de soja ou d’autres productions agricoles au Brésil.

Klervi Le Guenic est chargée de campagne forêts tropicales à l’association Canopée (www.canopee.ong/)
Alain Karsenty est économiste au Cirad (www.cirad.fr/), spécialiste des forêts tropicales

L’article dans son intégralité Pour une fiscalité qui protège les écosystèmes AlterEco