Podcast France Culture: Dans les forêts d’Afrique, le lucratif commerce de la compensation carbone

La conservation de la forêt tropicale en Afrique, principal poumon de la planète, est de plus en plus fréquemment confiée à des projets de compensation carbone. Ces mécanismes financiers permettront-ils effectivement de préserver ces ressources naturelles ?

Le 27 août dernier, pour parler du commerce de la compensation carbone, le magazine du weekend de France Culture a invité:

  • Alain Karsenty,  économiste, chercheur au  CIRAD, Département « Environnements et Sociétés »
  • Joël Ruet Économiste CNRS à l’Institut Interdisciplinaire de l’Innovation, chercheur senior de la Chaire Technology for Change à l’Ecole Polytechnique, et président du think tank The Bridge Tank et président du think tank The Bridge Tank.
  • Wannes Hubau Ingénieur biologiste spécialisé dans les forêts tropicales, professeur à l’université de Gand

L’émission soulève le problème des transferts de « réductions d’émissions » entre les Emirats Arabes Unis et le Libéria sur un total de 25millions ha.

Depuis plus d’une dizaine d’années, la forêt tropicale d’Afrique sert à compenser les émissions de gaz à effet de serre des pays du nord qui lui achètent le droit de polluer.

D’après Wannes Hubau, “avant les émissions de CO2 les forêts matures étaient en équilibre avec l’atmosphère donc il y avait du carbone séquestré par les arbres qui poussent et dégagé par les arbres qui meurent, mais maintenant on a découvert que cette pratique libre n’existe plus. A cause d’une fertilisation du CO2 il y a plus de croissance et donc plus de carbone capturé que de carbone qui échappe alors les forêts sont devenues un puits de carbone.”

Selon Alain Karsenty, “pour l’instant les forêts tropicales n’ont pas vraiment servi pour compenser les émissions des pays parce que les mécanismes mis en place dans le cadre de l’ONU, qu’on appelle mécaniques de conformité, n’ont pratiquement pas accordé de place aux forêts. Par contre beaucoup d’activités sont basées sur des initiatives privées, et on a un marché volontaire carbone très actif autour des forêts.”

Pour Joël Ruet “les forêts sont devenues très précieuses pour les Etats qui doivent s’engager. Il y a une finance verte qui est en cours de structuration, qui est nécessaire mais qui n’existe pas, ce qui est le lieu de tous les dangers d’expropriation, et cette finance verte doit couvrir les finances pour le climat et pour la biodiversité.

A écouter sur France Culture le podcast de l’émission (43min.)